Tourterelle Turque

Le tourterelle turque, nommée scientifiquement Streptopelia decaocto, est un pigeon élégant introduit en Martinique, où elle colonise rapidement les zones urbaines et agricoles. Cet oiseau opportuniste illustre l'impact des espèces exotiques sur la faune locale, tout en étant apprécié pour son chant mélodieux.​

Identification et statut écologique

La tourterelle turque appartient à la famille des Columbidés. Son nom vernaculaire évoque un collier noir et blanc sur le cou, formant un demi-cercle distinctif. Originaire d’Asie mineure et du sous-continent indien, elle a connu une expansion mondiale fulgurante au XXe siècle, arrivant en Martinique vers 1994 via la Guadeloupe (relâchée en 1976 lors de l’éruption de la Soufrière).​

C’est une espèce introduite et invasive en Martinique, sédentaire une fois installée, et en forte expansion démographique. Elle concurrence les colombidés indigènes comme la tourterelle à queue carrée (Zenaida aurita), et est classée chassable par arrêté préfectoral depuis 2000. Son statut IUCN global est “préoccupation mineure”, mais localement elle pose des défis écologiques.​

Caractéristiques biologiques

Cette tourterelle mesure 31-34 cm, avec une envergure de 48-56 cm et un poids de 150-225 g. Son plumage est chamois grisâtre rosé, avec une longue queue, un demi-collier noir bordé de blanc sur le cou, et des yeux rouges. Les deux sexes sont similaires, les juvéniles plus ternes.​

Diurne et sédentaire, elle vit en couples ou petits groupes, souvent près des humains, et se nourrit au sol de graines, céréales, fruits et invertébrés. Elle émet un chant caractéristique “uurrr-uuu”, répétitif et doux.​

La reproduction est possible toute l’année en climat tropical, avec 2-6 pontes annuelles : nid fragile de brindilles dans arbres ou bâtiments, 2 œufs blancs incubés 14-18 jours par le couple, jeunes indépendants en 3-4 semaines. L’espérance de vie atteint 14 ans en milieu protégé.​

Habitat et répartition locale

En Martinique, la tourterelle turque affectionne les milieux anthropisés :

• Zones urbaines, campagnes, parcs et jardins,
• Exploitations agricoles, bananeraies et zones périurbaines,
• Évite les forêts denses et les montagnes, préférant les basses altitudes.​

Elle est commune autour du Fort-de-France, dans les plaines agricoles et abords des habitations, s’adaptant parfaitement aux changements humains. Des sites comme les jardins du Parc naturel régional de la Martinique ou zones côtières la voient proliférer.​

Interactions et comportement

Consommateur de graines agricoles, elle peut causer des nuisances aux cultures (céréales, fruits). Elle interagit négativement avec les espèces locales via compétition alimentaire (ex. tourterelle à queue carrée, pigeons indigènes) et vecteur potentiel de parasites.​

Prédateurs naturels incluent rapaces et chats errants. Avec les humains, elle est familière, peu farouche, mais chassée pour réguler ses populations. Pas d’usages traditionnels majeurs en Martinique, mais crainte comme invasive.

Menaces et statut de conservation

Introduite, la tourterelle turque n’est pas menacée mais invasive, menaçant la biodiversité par compétition et transmission de pathogènes aux colombidés natifs. Pressions incluent chasse, prédateurs et concurrence interspécifique.​

Le Parc naturel régional de la Martinique et l’Observatoire martiniquais de la biodiversité surveillent son expansion via STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs). Réglementations chassables et listes d’espèces exotiques envahissantes visent à limiter son impact. 

Influence culturelle et symbolique

Moins ancrée culturellement en Martinique que les espèces endémiques, la tourterelle turque symbolise l’invasion exotique et l’adaptation humaine à la nature. Elle apparaît dans des contextes d’alerte biodiversité plutôt que dans contes ou proverbes locaux. Son arrivée récente limite les croyances traditionnelles, mais elle incarne les défis de la globalisation écologique aux Antilles.