Lumina Sophie

La révolte de 1870

Lumina Sophie dite Surprise
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Insurrection du sud de la Martinique
Naissance 05 novembre 1848
Décès 15 décembre 1879 à 31 ans

Lumina Sophie nait sous le nom de Marie-Philomène Sophie, en novembre 1848, au Vauclin à l’habitation La Broué.

Sa mère, Marie-Sophie, dite Zulma, vient tout juste d’être libérée par le décret d’abolition d’avril 1848.

Surnommée Surprise, elle passe ses premières années au Vauclin, à l’habitation La Broué, avec sa mère, sa grand-mère ainsi que des oncles et tantes.

Disposant d’un lopin de terre, la famille cultive caféiers, cacaoyers, bananiers.

Après la mort de sa grand-mère, Marie-Philomène s’installe avec sa mère à l’habitation Champfleury à proximité du Vauclin, où elles vivent de diverses activités.

Surprise découvre les conditions de vie des ouvriers et des paysans. Elle y fait l’expérience des inégalités subies par les populations rurales, dans une Martinique où l’abolition de l’esclavage est encore récente.

A 21 ans, Surprise rencontre Emile Sidney, avec qui elle s’installe en concubinage. Issu d’une famille de libres noirs, Emile contribue à forger son esprit critique sur les inégalités persistant dans la société martiniquaise et sur le sort des populations rurales. Surprise se fait déjà connaître comme activiste, et ses discours passionnés et sa force de caractère lui gagnent le surnom de « Lumina », en référence à son prénom Philomène mais également à la lumière.

La grande insurrection du sud de la Martinique

En 1870, Léopold Lubin, jeune Noir, refuse de laisser le passage à un béké, Augier de Maintenon.

En réponse à son refus, il est jeté à bas de son cheval et frappé à coup de cravache. Lorsque, deux mois plus tard, Léopold Lubin se venge en rendant la pareille à Augier de Maintenon, il est arrêté immédiatement et lourdement condamné.

Cette condamnation déclenche immédiatement une vague de solidarité et une grande insurrection.

En septembre, Lumina Sophie fait partie de la foule qui se rassemble sur la place du marché de Rivière-Pilote. Le 22 du même mois, la population du sud de la Martinique s’embrase. Bien qu’enceinte de deux mois, Lumina participe à l’insurrection.

La foule en colère, Lumina comprise, marche vers l’habitation La Mauny. Y réside monsieur Code, membre du jury dans l’affaire Lubin qui se vante publiquement de l’avoir fait condamner.

L’homme a également hissé un drapeau blanc, symbolisant la période esclavagiste. Code est abattu de sept balles, et l’état d’urgence est proclamé en Martinique, dans 15 communes.

L’armée est mobilisée et l’insurrection est défaite le 26 septembre.

Ce jour-là, et quelques semaines plus tard, 500 émeutiers sont arrêtés et plus d’une dizaine sont abattus. 75 seront condamnés, dont 8 à mort.

Lumina fait partie des émeutiers emprisonnés. Lors de ses deux procès, on la présente comme la flamme de la révolte, la reine de la compagnie, la plus terrible des chefs de bande.

Elle accoucha le 28 avril 1871 à la prison de Fort-de-France d’un garçon nommé Théodore qu’on lui retira aussitôt, et qui devait mourir en prison 14 mois plus tard.

Le 8 juin 1871, Lumina est condamnée aux travaux forcés à perpétuité pour avoir incendié des habitations et participé à l’insurrection.

Déportée au bagne de Saint-Laurent-du-Maroni en Guyane, le 22 décembre 1871, elle y mourra huit ans plus tard, le 15 décembre 1879, après avoir été mariée de force en 1877 à un bagnard français ayant purgé sa peine.

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